Par Françoise Roques, Observatoire de Paris.
« Pourquoi je suis correspondante multimédia à l’Observatoire de Paris ?
Parce que je veux promouvoir l’enseignement de l’astronomie et que la Toile et les outils multimédia sont des outils privilégiés pour diffuser un « enseignement » scientifique. Les découvertes astronomiques fascinent mais je voudrais prendre par la main les personnes qui s’intéressent, par exemple, aux exoplanètes pour leur « apprendre » les lois de Kepler. J’ai peur du relativisme. Les lois de la nature ne sont pas «une option».
Il faut décrire les découvertes, expliquer comment les scientifiques travaillent, l’importance du consensus qui permet de construire un corpus de connaissances, mais il faut aussi enseigner, c’est à dire emmener les curieux le plus loin possible vers la compréhension des phénomènes et la connaissance des lois qui sous-tendent le monde. Les astrophysiciens sont peu nombreux et la Toile est un moyen fabuleux de relayer des connaissances rigoureuses sous une forme accessible à tous.
L’Observatoire de Paris a créé plusieurs sites avec des textes, des illustrations, des vidéos, des outils interactifs. Ces sites peuvent être utilisés comme une encyclopédie par toute personne qui cherche une information fiable, mais aussi comme support d’enseignement. La première utilisation est anonyme, la seconde demande d’inscrire les étudiants et de les encadrer puis de valider leurs connaissances par un Diplôme d’Université de l’Observatoire de Paris ou par des Crédits d’Enseignement à intégrer dans un diplôme national, Licence ou Master.
Deux sites sont surtout utilisés, « Astronomie et Mécanique Céleste », de niveau L1 et « Fenêtres Sur l’Univers » de niveau L2 à M1, soutenus par Unisciel. Les étudiants qui suivent ces formations ont des profils très différents, amateurs de sciences, enseignants, animateurs scientifiques, étudiants d’université ou de grande école. Caroline Barban, responsable de « Fenêtres Sur l’Univers » nous parle de cette formation.
Ces formations de l’Observatoire s’intègrent bien dans une (R)évolution importante qui se fait jour dans le monde de l’enseignement.
La nouvelle forme d’enseignement que sont les MOOC me semble une avancée démocratique : Des contenus de qualité sont mis à disposition de toute personne ayant un accès à la Toile par des grandes universités. L’étudiant n’est pas encadré, il doit suivre le rythme de la mise à disposition des modules, typiquement un par semaine, et travailler avec comme seule aide un forum de discussion avec les autres étudiants. Dans les modules que j’ai visités, il y a une attestation de suivi en fin de formation, mais une réelle validation demande une inscription, peu chère, à l’université. Le revers de la médaille, je dirais plutôt la limite, est que cette autoformation nécessite une grande autonomie des étudiants. Il existe des modules en anglais, mais aussi en espagnol, français, chinois, italien (pour Coursera)… »